La prise en charge du diabète, maladie silencieuse avec près d’un cas sur quatre non détecté, est un enjeu majeur de santé publique.
Grâce à la mobilisation des chercheurs et des médecins, des innovations voient le jour et changent la vie des diabétiques : nouvelles molécules, greffe de cellules pancréatiques, pancréas artificiel… Objectif pour chaque malade : simplifier la gestion quotidienne de son diabète. Un combat d’autant plus crucial que le nombre de diabétiques s’élève à 537 millions d’individus1 dans le monde et devrait progresser sensiblement au cours des années à venir.
NOUVEAUX TRAITEMENTS ANTIDIABÉTIQUES ET OUTILS DE SUIVI
En France, près de 5 millions de personnes sont déclarées diabétiques, et au moins 700 000 le sont aussi mais l’ignorent ! Les traitements actuels peinent encore à contrôler à long terme la glycémie, et ne peuvent enrayer l’apparition de complications. D’où la quête de nouveaux médicaments et de traitements, ainsi que d’outils de suivi innovants. Un peu d’histoire : en 1921, le traitement du diabète2 est révolutionné par l’injection d’insuline extraite de pancréas de bœuf, à la place de l’insuline que le pancréas des diabétiques ne produit plus. Cette innovation – l’insulinothérapie – a fait reculer l’échéance fatidique pour nombre d’enfants et de jeunes adultes atteints du diabète de type 1, condamnés à l’époque à une mort précoce.
Aujourd’hui, des médicaments antidiabétiques tels que le liraglutide et les glifozines remplacent les hormones que le corps ne sécrète plus naturellement. Le liraglutide réduirait sensiblement le risque cardiovasculaire chez les diabétiques de type 1. D’autres nouvelles molécules, comme les glifozines, forment la classe la plus récente des antidiabétiques oraux. Les glifozines favorisent l’élimination du glucose par les reins. D’autres pistes de progrès concernent l’administration des antidiabétiques : en attendant l’insuline en pilule, qui remplacerait les injections, il existe dès à présent une forme de glucagon en pulvérisation nasale, remboursée par le régime obligatoire depuis janvier 2022 pour les personnes insulinodépendantes. Hormone produite par le pancréas et dont la fonction est d’augmenter la glycémie, le glucagon est administré à la personne présentant une hypoglycémie sévère, avec risque de perte de conscience. Prêt à l’emploi, le dispositif nasal est à usage unique.
La recherche pourrait aussi conduire à modifier le microbiote intestinal3 pour retarder l’évolution de la maladie : le projet ProbioDiab, conduit par les équipes du Pr Hubert Vidal (Inserm et Université de Lyon), teste actuellement dans ce sens de nouvelles souches bactériennes aux propriétés antidiabétiques.
OUTILS DE SUIVI
Une nouvelle approche se dessine : stabiliser la glycémie grâce à un « pancréas artificiel », un petit boîtier collé sur la peau du patient, au niveau du ventre. Mimant l’action du pancréas, ce dispositif libérera l’insuline grâce à des algorithmes, en fonction du taux réel de glycémie du patient, via un mini-cathéter implanté sous la peau. Une vraie avancée par rapport à la pompe à insuline, qui administre, sur commande du patient diabétique, des doses calculées et programmées par son équipe de soins.
L’apport de l’intelligence artificielle permettra de prédire les variations et d’anticiper le traitement du diabète. Après avoir analysé, via un capteur connecté, les variations de glycémie d’un malade sur une période de dix jours, une appli peut prédire sa glycémie avec deux heures d’avance.
Ainsi, les futures versions des montres connectées pourraient être bientôt équipées de capteurs de glycémie.
VERS LA THÉRAPIE GÉNIQUE
Les années passant, il est de plus en plus difficile pour les diabétiques de type 1 de réguler leur glycémie. Cela augmente le risque de complications, notamment rénales. Demain, la solution pourrait venir de la thérapie cellulaire : greffe de cellules insulino-sécrétrices (îlots de Langerhans4) provenant du don d’un pancréas. De plus, des travaux portent actuellement sur la recherche d’un récepteur inhibiteur de l’insuline, qui permettrait, à terme, la protection et la régénération des cellules bêta, productrices d’insuline. À la clé, l’espoir médical, sans précédent, d’obtenir une rémission du diabète.
Diabète, ce qu’il faut retenir
La valeur normale de la glycémie dans le sang oscille entre 0,70 g/l et 1,10 g/l. Entre 1,10 et 1,26 g/l.
Le patient est considéré comme prédiabétique. Quand la glycémie à jeun est supérieure à 1,26 g/l, lors de deux dosages successifs, dans le cadre d’une surveillance médicale, le diabète est considéré comme déclaré.
On distingue deux sortes de diabètes :
– celui de type 1 (insulinodépendant) touche environ 6 % des malades ; il est dû à l’absence de sécrétion d’insuline par le pancréas. Il s’agit d’une maladie auto-immune, qui survient le plus souvent chez l’enfant, l’adolescent et le jeune adulte.
– celui de type 2 – soit 92 % des diabétiques – arrive avec l’âge. Il est souvent lié au mode de vie (alimentation, sédentarité). Après avoir privilégié un nouveau régime alimentaire adapté et la pratique sportive, on aura recours à des traitements si nécessaire. L’insuline, hormone fabriquée par le pancréas,
est omniprésente dans le sang. Elle régule la glycémie, le taux de sucre ou glucose dans le sang.
L’insuline permet aussi aux cellules de l’organisme de capter le sucre qui circule dans le sang, selon leurs besoins – musculaires, par exemple, quand on fait du sport –, et de l’utiliser comme source d’énergie.
L’insuline produite en quantité insuffisante ou de manière inefficace entraîne l’hyperglycémie, une présence de sucre trop importante dans le sang, synonyme de diabète.
TÉMOIGNAGE
« À défaut d’être inquiet j’ai appris à être vigilant »
« Mon père était diabétique, mais pas mes frères ni mes sœurs aînés, alors j’ai cru pouvoir y échapper… Jusqu’à mes 14 ans. Alors en vacances aux États-Unis, j’ai mal à l’estomac et je vomis à répétition. De retour en France, je suis hospitalisé d’urgence : j’ai frôlé le coma diabétique. Je suis un miraculé !
Aujourd’hui, grâce au patch et à l’appli FreeStyle Libre 2 , je contrôle ma glycémie sur mon smartphone. J’utilise un stylo-aiguille d’insuline rapide à chaque repas et un autre pour l’insuline lente, une fois par jour. Et, en cas d’urgence, j’ai toujours du glucagon sur moi, à m’injecter dans la cuisse.
Côté alimentation, honnêtement, je gère ! J’équilibre mes repas et j’essaie de ne pas en rater. Et il y a le sport : je joue au basket ; plus j’en fais, moins j’ai besoin d’insuline. Alors oui, la maladie est là, les risques de complication aussi. J’en ai conscience. Mais quand je repense aux périodes où “j’ai tiré sur la corde”, je me dis que j’ai une bonne étoile. »
Laurent Vigné, 24 ans, diabétique insulinodépendant de type 1
Les informations de cet article sont de nature générale et ne peuvent se substituer à l’avis d’un professionnel de la santé légalement habilité, tel que votre médecin traitant. N’hésitez pas à consulter régulièrement celui-ci en cas de doutes sur votre état de santé.